Depuis plusieurs années, La Trame 07 propose des ateliers de co-développement aux tiers lieux ardéchois pour favoriser la solidarité. Les sujets abordés entre pairs sont très divers, mais nous avons repéré qu’un sujet revenait régulièrement, sous plusieurs formes : “comment faire collectif?”…
Nous avons voulu aller plus loin et proposer aux membres du réseau de monter en compétence sur ce sujet en organisant une journée dédiée. L’objectif de cette rencontre était de poser ses réflexions, trouver des réponses à ses questions et repartir avec des outils pratiques à utiliser dans son tiers lieu. 
Pour apporter des outils d’intelligence collective et créer les bonnes conditions aux échanges, La Trame s’est entourée de Nicolas Briet et a proposé une journée au TILT au Teil, le 7 avril 2022. 
Voici le déroulé, le contenu et les ressentis des participants 👇…bonne lecture 📔

Les participants sont venus avec l’intention de…

Après un brise glace pour faire connaissance, la quinzaine de participants a partagé son enthousiasme à se retrouver en vrai et à s’autoriser ce temps sur un planning pourtant chargé ! Le groupe était principalement venu chercher des outils pour prendre soin les uns et des autres, faire du lien entre les différents types de membres, impliquer et faire participer les membres du collectif dans le projet. Ça tombait bien, le programme correspondait à leurs besoins… 📌

Le fil de la journée…les 4 clés pour faire collectif

Pour que l’intelligence collective soit au service des projets, Nicolas a présenté des notions socles pour qu’il y ait de la confiance et de la sécurité dans les groupes : équivalence, écoute, posture coopérative, respect et manière de se parler. Lorsque les conditions sont réunies, les outils permettent de créer des échanges efficaces, créatifs, inspirants, coopératifs, où les participants prennent du plaisir. Il a également insisté sur l’importance de la présence d’un facilitateur dans les équipes car il aide à mieux travailler ensemble, mieux percevoir les objectifs communs et à planifier le chemin pour atteindre les objectifs du groupe. Ce rôle peut être endossé par plusieurs personnes de manière tournante. 

Nicolas a ensuite présenté 4 clés pour faire collectif : 

#1 Prendre soin des individus et du collectif

#2 Co-construire une vision et un projet

#3 Prendre des décisions et faire des choix

#4 Résoudre les problèmes et évoluer

#1 Prendre soin des individus et du collectif

Nous avons testé un outil qui donne une image immédiate de la santé du collectif et permet de poser des actions correctives concrètes et adaptées : Le baromètre

Il s’agit en 25 min de prendre la température de son groupe.

Descriptif de l’outil : 

En plaçant une corde au centre de la pièce avec les graduations de 1 à 10 proposer les consignes suivantes : parcourir la corde entière en silence / se stabiliser sur la note juste pour soi / interviewer chaque personne en posant deux questions [ comment je me sens en ce moment dans le projet ou dans l’équipe (entre 0 et 10 : 0 étant “je ne me sens pas bien” et 10 “je me sens super bien”) ? qu’est ce qui pourrait me faire progresser? ] / noter “les pistes d’améliorations”. 

Retours des participants : 

“Les personnes ont déjà la solution en elle pour peu qu’on leur demande” 

C’est un outil puissant qui permet à chacun de se révéler, de faire tomber les masques” “ Il y a beaucoup d’authenticité, de simplicité, et de parler vrai”.

#2 Co-construire une vision et un projet

Dans un projet collectif, il est essentiel d’avoir une raison d’être commune et de la co-écrire. Le premier outil présenté par Nicolas, permet à un groupe de rêver ensemble, d’explorer le champ des possibles et poser une vision collective claire : le cercle de rêve

Descriptif de l’outil : 

Proposer au groupe une question générative (c’est une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou non). Ici nous avons testé : que faudrait-il qu’il se passe, se vive dans mon tiers lieu pour que dans un an je puisse me dire que ce fut une incroyable expérience individuelle et collective? 

Ensuite, on propose au groupe les consignes suivantes : on s’assoit en cercle / la parole tourne / écoute active / expression dynamique et concise / pas de remarques ni objections / possibilité de poser des questions de clarification / pas de compromis, on accueille tout / on peut passer son tour / on peut signaler sa résonance (par exemple avec un signe de la main). 

Le facilitateur propose plusieurs tours de parole pour que chacun parle de ses rêves pour le projet et les liste sur un paper board. Il invite ensuite 2 personnes du groupe à mettre en scène la liste des rêves : nous sommes en 2023 et les choses se sont vraiment passées ! Cela peut être très intéressant de garder une trace audio ou vidéo pour embarquer aussi ceux qui n’étaient pas là et revoir ses rêves d’années en années. 

Retours des participants : 

il y a une belle énergie qui a donné envie de se connecter > ça permet d’avancer !

“ on revient au cœur, à la flamme, ce qui inspire, fait vibrer, anime “ “ la relecture avec une posture “maintenant c’est fait” permet vraiment de se projeter de manière sympa

Pour aller plus loin, il est possible de poursuivre cet atelier avec l’arbre du plan. Il s’agit ici de poser des axes de travail qui sont essentiels pour que la vision partagée (le rêve) puisse se manifester et devenir réalité. 

Descriptif de l’outil :

Le facilitateur pose au groupe la question suivante : quelles actions, quelles choses doivent être mise en place pour que selon votre expérience, 100% du grand rêve devienne réalité ? 

Ensuite, on propose au groupe les consignes suivantes : chacun prends 3 ou 4 post-it / on note une idée par post-it / chacun vient au tableau les présenter / on les place sur l’arbre et on les regroupe / on nomme les groupes d’idées formés et on les priorise si besoin (avec des gommettes). Cet atelier peut lui même se poursuivre par un atelier “l’échéancier collaboratif” pour planifier les projets dans le temps avec 3 projets phares à développer par cercle thématique (cela donne des points de repères et permet de rationaliser). 

#3 Prendre des décisions et faire des choix

Difficile de faire collectif dans un projet si les actions d’intelligence collective ne sont pas couplées à la mise en œuvre d’une gouvernance partagé… Nicolas a ainsi choisi de faire expérimenter au groupe la prise de décision par consentement. Ce mode de prise de décision est issu de la sociocratie et permet de tenir compte des objections et des bonifications du groupe. Le processus comprend plusieurs étapes : 

  • tout commence par une proposition,
  • ensuite vient le tour de clarification et de questions/ réponses,
  • puis le tour de réaction / ressentis,
  • puis l’amendement / la modification de la proposition,
  • le tour d’objection et de bonification,
  • la célébration si aucune objection n’a été formulée lors du tour précédent sans quoi la proposition est de nouveau amendée / modifiée.

Le groupe a testé une proposition fictive “la mise en place d’une zone de gratuité dans un tiers lieu”. Les échanges furent nombreux et très enrichissants indiquant ce qu’une telle proposition peut soulever comme type de questionnements au sein d’une équipe.

#4 Résoudre les problèmes et évoluer

Pour finir la journée, Nicolas a décrit au groupe plusieurs outils pouvant être utilisés dans la résolution de problème au sein d’un collectif : co-développement, les chapeaux de bono, le cercle de blocage… en partageant des liens vers des documents / vidéos pour en savoir plus.

L’émulation et l’intelligence collective c’est intense… après un cercle de clôture (autre outil utile pour prendre soin du collectif) qui nous a permis de débriefer à chaud sur la journée, les participants ont regagné leurs tiers lieux avec le sourire et l’envie de tester ces outils en interne….

Rédigé par Mélanie Clidière pour La Trame 07


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